PROBLEMATIQUE

La crise du Covid-19 survient dans un contexte de mise en place de la réforme du système de formation professionnelle d’apprentissage. En effet, la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018 et le Plan d’Investissement dans les compétences s’inscrivent dans un vaste projet de rénovation du système d’apprentissage et de formation continue.

Ces initiatives portent sur trois volets : l’apprentissage, le compte personnel de formation et l’investissement dans les compétences. La réforme de l’apprentissage vise à rendre cette filière plus attractive aussi bien pour les apprentis que pour leurs employeurs. La refonte du Compte Personnel de Formation (CPF) permet aux actifs de développer leurs compétences tout au long de leur vie professionnelle avec un dispositif renforcé pour les moins qualifiés. L’abondement du CPF, qui se faisait en heures de formation, est désormais monétisé en euros pour une meilleure lisibilité. Enfin, le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) se fixe l’ambition de former spécifiquement les plus éloignés du marché du travail. Son objectif est de former 1 million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et 1 million de jeunes ni en étude, ni en emploi, ni en formation sur la période 2018-2022.
 
La crise du Covid-19 vient perturber en profondeur le système de formation professionnelle et d’apprentissage et soulève des défis majeurs. D’une part, elle a un impact sur le fonctionnement de la formation professionnelle et de l’apprentissage en touchant tous les acteurs. Ainsi, dès le mois de mars, la suspension de l’accueil physique dans des centres de formation a été décidée. Un arrêt brutal des entrées en formation a été constaté : après la première semaine de confinement, le nombre d’entrées en formation a été divisé par 3.  D’autre part, la formation professionnelle et  l’apprentissage apparaissent comme un levier politique à mobiliser en priorité pour lutter contre les effets de la crise sur le marché du travail. La crise réactive en effet le rôle essentiel de la politique de formation dans la lutte contre le chômage et la préservation des compétences.

Le séminaire s’intéressera aux conséquences de la crise du Covid-19 en matière de formation professionnelle et d’apprentissage ainsi qu’aux réponses apportées par les pouvoirs publics et les différents acteurs. Des mesures d’urgence ont été prises pour faire face aux difficultés rencontrées par tous les acteurs, notamment afin d’assurer la continuité de la formation avec la formation à distance, et pour faciliter la formation des salariés en chômage partiel. L’ordonnance du 1er avril 2020 portant mesures d’urgence en matière de formation professionnelle prévoit par exemple un accès facilité à la validation des acquis d’expérience (VAE) pendant la période de crise sanitaire, et le Fonds national de l’emploi (FNE-Formation) permettra à l’Etat de prendre en charge 100 % des coûts pédagogiques de la formation des salariés en chômage partiel, dans la limite de 1 500€.

Le séminaire s’interrogera également sur le rôle de la formation professionnelle et de l’apprentissage dans les mutations d’après-crise. Quels sont les impacts de la crise, à court terme et à plus long terme, sur le système de la formation professionnelle et d’apprentissage ? Le cadre et les outils du système formation professionnelle et d’apprentissage, issus de la réforme de 2018, sont-ils adaptés pour répondre à la crise actuelle ? Enfin, comment la politique de formation professionnelle et d’apprentissage peut-elle être repensée pour l’après-crise ?